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Pas de pied pas de cheval ! – Les rôles des pieds du cheval

Pas de pied pas de cheval ! les rôles des pieds du cheval - Laure Souquet - Equinessentiel

Pas de pied, pas de cheval ! Comme souvent, ce dicton populaire traduit une réalité qui se constate sur le terrain. Et dont les chevaux ont bien conscience, ce qui explique leur hésitation à poser le pied sur un sol dont ils ne sont pas sûrs ! Faisons le tour des rôles des pieds du cheval.

Les pieds du cheval ont bien sûr d’abord un rôle dans sa locomotion

L’un des 1ers rôles des pieds du cheval est de lui permettre de se déplacer sur tous les terrains avec précision

Extérieurement, le pied du cheval est composé de trois parties principales : la paroi, la sole et l’ensemble fourchette – glômes. Avez-vous déjà observé un cheval marcher sur un terrain irrégulier ? Si vous faites attention à la façon dont il pose ses pieds, vous verrez que l’arrière du pied pose en premier. Cela car l’ensemble fourchette – glômes forme une structure souple qui, avec le coussinet plantaire qui se trouve juste en dessous, sert à amortir le choc lors du poser du pied au sol et à empêcher qu’il ne glisse en descente. Quant à la pince, elle lui sert à se tirer en avant, un peu comme nous le faisons avec nos doigts repliés en crochets sur un mur d’escalade.

La paroi participe à la détection du terrain et de ses irrégularités tout en protégeant les structures internes du pied. La sole, elle, est dure pour protéger l’os du pied et conserve un caractère élastique qui permet l’ouverture du pied lors du poser.

Un pied nu est donc créé pour permettre au cheval d’évoluer sur toutes sortes de terrains avec efficacité et précision. Ce qui est extrêmement important pour un animal proie puisque sa survie dépend de sa capacité à fuir !

NB : Un pied ferré perd sa capacité à sentir les irrégularités du terrain.

En effet, sa paroi ne peut pas se déformer en fonction puisque le fer lui ne se déforme pas. Il est donc moins précis et ce sont les articulations qui doivent s’adapter à ce irrégularités.

Les pieds du cheval, ou plus précisément ses sabots, s’adaptent aux terrains sur lesquels il se déplace

Le pied du cheval est vivant, et comme toute structure vivante, il a besoin de mouvement pour rester en bon état. Il faut que la corne travaille pour garder sa souplesse et se fortifier. Par exemple, l’épaisseur de la sole et sa dureté augmentent avec les contraintes et les frottements qui lui sont imposés. Ce qui veut dire que plus le cheval marche sur les cailloux plus sa sole devient solide et plus il est à l’aise sur ce type de terrain. Cette capacité d’adaptation est incroyable ! Sans cela, le cheval n’aurait pas pu se développer dans tant d’environnements différents.

Les zones d’usure du pied donnent ainsi beaucoup d’indications au pareur concernant la façon dont le cheval utilise son pied et donc sur les corrections à apporter. Chez un cheval pied nus qui marche beaucoup sur des terrains durs, la sole externe sera très dure et usée. Elle ressemblera à ces manches d’outils en bois usés par les frottement sur les mains de l’ouvrier. Et chez un cheval qui marche beaucoup sur des terrains souples, c’est le fond du abot qui sera renforcé. Les barres seront prolongées tout du long de la fourchette par des bourrelets de sole.

Le pieds du cheval participent à amortir les chocs à chaque poser

Chaque fois que le cheval pose son pied, le choc du poser cause une onde de choc monumentale ! Imaginez ce moment du galop où tout son poids est réceptionné sur un seul sabot…

C’est alors le pied dans son ensemble qui amortit les chocs lors du poser du membre. Grâce au coussinet plantaire qui en s’écrasant sous le poids du corps s’élargit et pousse sur les cartilages ungulaires puis la paroi du sabot. Ce qui transforme les forces de pression verticales en forces de pression horizontales (cf schéma ci-dessous). Ces forces de pression horizontales vont être en partie absorbées par l’écartement de la paroi et l’élargissement du pied. Évidemment, pour préserver ce système, la paroi doit rester libre de bouger ! 

Si ce n’est pas le cas, les forces restent verticales et ce sont les articulations qui amortissent le choc.

NB : Un pied ferré ne peut plus jouer ce rôle d’amortisseur

Avez-vous déjà regardé un patineur artistique effectuer un saut et se réceptionner sur la glace ? Trouvez-vous que la lame des patins permette un bon amorti à la réception ? C’est à cela que ressemble la réception d’un cheval ferré lors d’un saut. Les ondes de choc remontent alors jusque dans le dos du cheval, à travers son squelette et ses articulations.

En même temps, ils aident au retour du sang veineux vers le cœur

Le mouvement du pied est aussi ce qui permet au pied de jouer son rôle de pompe pour la circulation veineuse et lymphatique dans le membre. Car le cœur du cheval a suffisamment de force pour amener le sang jusqu’à ses pieds mais pas assez pour le faire remonter jusqu’à lui. On dit donc que le cheval a cinq cœurs, chaque pied en étant un ! Et comment fonctionne un cœur? Par une succession de contractions qui propulsent le sang dans les artères et décontractions qui permettent au cœur de se remplir à nouveau. Eh bien le pied du cheval fonctionne de la même façon.

Lorsqu’il se lève, les vaisseaux sanguins qu’il contient se remplissent de sang, et lorsqu’il se pose ces vaisseaux sont comprimés et le sang propulsé dans les veines. Si les quatre pieds du cheval ne jouent pas leur rôle de pompe correctement, c’est son cœur qui se fatigue.

Plusieurs théories existent quant au fonctionnement exact du système d’écartement de la paroi et de pompe. Toutes reconnaissent le rôle des cartilages ungulaires qui compriment finalement les vaisseaux sanguins et poussent sur la paroi. Certains pensent qu’ils sont eux-mêmes poussés par le coussinet plantaire. D’autres disent que c’est la descente de la deuxième phalange au niveau de la couronne qui les écarte. Dans les deux cas, le résultat est le même. Ci-dessous, la première hypothèse représentée.

Pas de pied pas de cheval ! les rôles des pieds du cheval - Laure Souquet - Equinessentiel

NB : Le port d’un fer limite énormément la capacité du pied du cheval à jouer son rôle de pompe

Un fer posé sur le pied de votre cheval l’empêche de se contracter et de se décontracter comme son rôle de pompe le nécessite.

Pour la même raison, la sensibilité d’un pied ferré est moins forte car l’irrigation des structures internes du pied est extrêmement diminuée ! Or le pied est aussi sensible pour une bonne raison : parce qu’il renseigne le cheval sur la nature et l’état des terrains sur lesquels il évolue. Alors certes, un cheval ferré peut passer tout son temps sur des terrains souples et galoper du jour au lendemain sur des cailloux sans aucune préparation, mais il a le pied moins sûr et sait moins facilement se préserver d’une blessure. Sans compter que son pied mal irrigué se guérit beaucoup moins bien en cas de blessure. Logique, puisque c’est le sang qui apporte leur carburant (oxygène et nutriments) aux cellules, qui évacue les déchets qu’elles produisent en fonctionnant et qui apporte les matériaux nécessaires à la reconstruction  des tissus!

Alors pourquoi ferre-t-on les chevaux? Bonne question… Il y a quelques bonnes centaines d’années, les hommes ont commencé à ferrer leurs chevaux lorsqu’ils partaient en conquêtes sur leur dos et parcouraient des dizaines de kilomètres par jour, car alors l’usure des pieds était trop rapide. Les coursiers les ont ferrés pour la même raison. Puis le fer a protégé les pieds de la pourriture dans les stalles dont l’hygiène laissait à désirer. Mais dans les campagnes les chevaux sont restés pieds nus car les fers coûtaient trop cher et abîmaient les champs et les chemins.  Aujourd’hui on les ferre parce qu’on a toujours vu des chevaux ferrés. Pourtant, les chevaux ont tout à gagner à rester pieds nus ! Et en 1er lieu leur santé.

Les sabots du cheval influent sur ses aplombs

Le pied est aussi le point de contact du membre avec le sol. De sa qualité va dépendre en partie l’aplomb de celui-ci, ainsi que les tensions subies par les tendons et les contraintes imposées aux articulations. De mauvais aplombs imposent une répartition inégale du poids sur les surfaces articulaires et sont donc responsables d’une apparition précoce d’arthrose. Ce sont les tendons qui compensent ces inégalités. Ce qui les soumet à des forces anormales par-rapport à leur structure. La fatigue engendrée les fragilise et augmente le risque de blessures telles que les tendinites.

Je pourrais en écrire bien d’avantage sur la question des aplombs, leurs conséquence sur le reste du corps et la façon dont on peut les corriger, mais je détaillerai la question dans de prochains articles. Vous pouvez déjà retenir que tout le corps qui est affecté si le cheval a de mauvais pieds.

L’énergie du cheval circule jusqu’au bout de ses pieds !

Je voudrais ajouter pour ceux qui connaissent un peu l’acupuncture ou le shiatsu que les douze méridiens principaux en Médecine Chinoise finissent au niveau de la couronne. Santé des pieds et circulation de l’énergie sont donc intimement liés !

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On peut mettre en relation la pousse d’un sabot avec l’équilibre des méridiens qui s’y terminent. Par exemple, une pince longue au niveau des postérieurs va de paire avec un méridien estomac bien chargé. Que l’on soigne le cheval en ostéopathie ou en médecine chinoise, on a donc tout intérêt à le considérer de la tête aux pieds !

Laure Souquet
Photographe : Kevin Simonet

Pas de pied pas de cheval ! – Les rôles des pieds du cheval

2 commentaires sur “Pas de pied pas de cheval ! – Les rôles des pieds du cheval

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